En Afrique, la peur des mouvements dits ésotériques est devenue presque banale. Elle circule dans les conversations, dans les familles, dans les églises, sur les réseaux sociaux, dans les récits de réussite comme dans les explications de l’échec. Cette peur est souvent présentée comme une preuve de lucidité, alors qu’elle est en réalité le symptôme d’un déficit d’analyse historique, scientifique et sociologique.
Aucun être humain, à aucune époque, n’a jamais démontré l’existence d’un pouvoir surnaturel capable d’agir sur la réalité matérielle en dehors des lois connues de la nature. Ni par la pensée, ni par des rituels, ni par des symboles, ni par des formules secrètes. Cette affirmation n’est pas idéologique, elle est méthodologique. Elle repose sur des siècles d’observations, d’expériences et de recherches cumulées.
Les organisations dites ésotériques, comme la franc-maçonnerie ou la Rose-Croix, ne sont pas des sociétés magiques. Ce sont des structures humaines, historiquement situées, socialement organisées, culturellement codifiées. Leur force n’est ni mystique ni invisible. Elle est relationnelle, symbolique, parfois politique. Les rituels, les grades, les symboles n’ont jamais eu pour fonction de transformer la réalité par une force occulte, mais de structurer l’appartenance, la hiérarchie et la cohésion interne.
Les historiens du fait ésotérique sont unanimes sur ce point : l’ésotérisme occidental n’est pas une science secrète du pouvoir, mais un langage symbolique. Un langage qui emprunte à l’Antiquité, au christianisme, à la philosophie grecque, à l’alchimie médiévale, pour produire du sens, de la distinction et de la continuité culturelle. Rien de plus. Rien de moins.
La peur naît lorsque le symbole est confondu avec le réel. Lorsque l’allégorie est prise pour un fait. Lorsque le récit devient une explication du monde. C’est exactement le même mécanisme que dans les récits religieux pris au pied de la lettre. Les miracles, les prodiges, les interventions divines ne sont pas des descriptions historiques, mais des constructions symboliques destinées à transmettre des valeurs, une morale, une vision du monde à une époque donnée.
Aucune multiplication de nourriture sans matière première n’est possible.
Aucune transformation physique sans processus observable n’existe. Cela ne relève pas de l’opinion, mais des lois élémentaires de la matière. Les anthropologues l’ont montré depuis longtemps : toutes les civilisations ont produit des mythes fondateurs. Les Grecs, les Égyptiens, les Hébreux, les Africains, les Asiatiques. Le mythe n’est pas un mensonge. Il devient un problème lorsqu’il est utilisé pour expliquer le réel ou pour maintenir une population dans la peur.
La sorcellerie, telle qu’elle est comprise dans l’imaginaire populaire africain, fonctionne exactement sur ce mécanisme. Elle n’existe pas comme force objective, mais comme fait social. Elle agit non pas sur le monde, mais sur les esprits. Elle produit de la peur, de la culpabilité, de la paralysie mentale. Les ethnologues ont abondamment documenté ce phénomène : la croyance produit des effets psychologiques réels, sans que la cause supposée n’existe matériellement.
C’est pour cela que la lecture est un antidote. Pas parce qu’elle rend supérieur, mais parce qu’elle expose à des cadres de pensée plus larges. Plus une société lit, plus elle comprend l’histoire des idées, des religions, des pouvoirs, moins elle attribue ses difficultés à des forces invisibles. La peur diminue à mesure que la compréhension augmente.
Les récits selon lesquels des loges offriraient du travail, de la richesse ou du succès en échange d’une adhésion relèvent du pur fantasme. Sociologiquement, cela n’a aucun sens. Les organisations de ce type ne recrutent pas des individus sans capital social ou économique pour leur offrir des positions. Elles fonctionnent par cooptation entre personnes déjà insérées dans certaines sphères professionnelles, intellectuelles ou institutionnelles. Elles ne créent pas le pouvoir à partir de rien. Elles organisent des relations entre ceux qui en disposent déjà.
Beaucoup se cachèrent derrière l’idée de secte pour protéger leurs fortunes .
Les gens ne veulent pas vous dire là où ils trouvent leur pain de peur que vous brûliez la boulangerie. C’est pourquoi ils vous font croire qu’ils font des sacrifices humains.
La confusion vient du fait que beaucoup imaginent le pouvoir comme quelque chose de magique, alors qu’il est structurel. Le pouvoir, dans le monde réel, repose sur l’économie, l’éducation, les réseaux, la maîtrise du langage, l’accès aux institutions. Pas sur des rites nocturnes ou des serments mystérieux. L’ésotérisme impressionne parce qu’il est volontairement opaque, pas parce qu’il est efficace surnaturellement.
Historiquement, les mouvements ésotériques ont souvent accompagné des périodes de bouleversements politiques et culturels. Ils ont servi à donner une continuité symbolique à des élites en recomposition. Ils ont utilisé des références anciennes pour habiller des structures modernes. Cela ne relève pas du complot, mais de l’histoire classique des idées et des institutions.
Le véritable problème n’est donc pas l’existence de ces organisations. Le véritable problème est l’abandon de la pensée critique au profit de la superstition. Lorsque tout devient invisible, tout devient incontrôlable. Lorsque tout est expliqué par des forces occultes, plus rien n’est analysé rationnellement. L’économie devient mystique. La politique devient magique. L’échec devient spirituel.
Une société qui a peur de l’invisible est une société facile à manipuler. Elle cherche des ennemis cachés au lieu de comprendre les mécanismes réels qui la structurent. Elle combat des ombres pendant que les causes concrètes restent intactes.
La sortie de cette impasse ne viendra ni de nouveaux mythes, ni de nouveaux rites, ni de nouvelles peurs. Elle viendra de l’éducation, de l’histoire, de la science, de la capacité à distinguer le symbole du réel. Désacraliser n’est pas détruire. Désacraliser, c’est comprendre.
D’ailleurs, je profite pour renchérir le développement avec ces propos de Auxi Liatrice
Rien ne s’appelle « diable ». Rien ne s’appelle « vendre son âme au diable ».
Ceux qui sont dans les loges maçonniques n’ »appartiennent » à personne.
Ils appartiennent à leurs propres ambitions, à des motivations humaines complexes.
Leur véritable leader n’est ni un démon ni un dieu caché. C’est le pouvoir, l’ego et le contrôle.
Ils suivent un système humain, pas une entité divine. D’ailleurs, rien ne s’appelle réellement « entité divine »
Les masques, colliers et emblèmes des sociétés secrètes ou fermées ne sont pas diaboliques dans le sens immolateur. Ils sont simplement symboliques. La franc maçonnerie n’est pas non plus la sorc’ellerie de haut grade.
Donc franchement, calmez vos spéculations.
Je me souviens qu’autrefois j’étais accro aux histoires de maisons hantées et fan du célèbre couple Ed et Lorraine Warren, avant de découvrir leurs supercheries.
Ed et Lorraine étaient tout simplement de grands arnaqueurs, et ils se sont fait énormément d’argent. Tout était truqué..
Cela peut surprendre, mais même en Occident, le cerveau de tout le monde n’a pas évolué au même rythme que leur développement spectaculaire.
Autrefois, par exemple, les anciens rois consultaient des devins avant d’aller à la guerre.
Aujourd’hui, nous savons très bien que la probabilité de victoire dépend bien plus de la logistique et des stratégies que des entrailles d’un animal.
Les rois qui perdaient des guerres les perdaient par manque de stratégie, pas à cause de mauvais présages.
De la même manière, je l’avais dit, les possessions décrites dans les vieux textes correspondent, pour beaucoup, à des troubles mentaux que nous connaissons aujourd’hui. À l’époque, on n’avait pas les mots, alors on accusait les démons.
Les soi-disant possessions démoniaques étaient souvent des épilepsies, des épilepsies temporales, des psychoses ou des intoxications.
Avant les médecins on accusait les démons parce que c’est toujours plus simple.
Aujourd’hui encore, malgré les avancées époustouflantes de la science et de la technologie, certains continuent de croire que les crises d’épilepsie sont des possessions ou des malédictions. Les églises dites de réveil n’aident pas du tout dans ce domaine.
Pourtant, l’épilepsie est un simple dysfonctionnement électrique du cerveau.
Des milliers d’ épileptiques africains ont été battus, enchaînés ou exorcisés.
Le « démon » qu’ils prétendaient chasser n’était qu’un court-circuit neuronal.
L’ignorance blesse plus que n’importe quel esprit en 2025..
Les prétendues « attaques de sorcellerie » nocturnes étaient souvent de l’apnée ou de la paralysie du sommeil.
C’est un phénomène neurologique qui te cloue temporairement, pas un fantôme en musculation assis sur ta maigre poitrine.
En réalité, ton cerveau se réveille avant ton corps. Aucun démon n’appuie sur ta poitrine
Ce qu’on appelait attaque sorcelle’resque n’est qu’une anomalie passagère du cortex.
La véritable solution contre l’ignorance phénoménale, c’est la connaissance.
Le savoir est le seul remède à ces illusions.
Quand tu comprends comment fonctionne le monde, ton cerveau ne peut plus se laisser tromper par des histoires de sorc’ellerie, d’esprits, de pseudo-spiritualité ou de prétendue magie financière.
La connaissance te libère de la peur, et la lucidité te protège des manipulateurs.
Apprendre la science, comprendre la psychologie, s’informer sur les causes naturelles des phénomènes. Voilà ce qui ouvre les yeux.
Plus tu comprends, moins tu crois à l’irrationnel.
Bonjour chez vous.