Il y a des sujets qui font rire jaune.

L’administration en Afrique en fait partie. Tout le monde en parle à voix basse, tout le monde en souffre, mais très peu osent dire la vérité clairement.

Sur le papier, l’administration existe pour servir le citoyen, faciliter la vie, accompagner le développement. Dans la réalité, elle est souvent devenue un parcours du combattant. Un simple document peut te coûter des journées entières, des déplacements inutiles, une énergie mentale incroyable. Et le plus frustrant, ce n’est pas la complexité des procédures, c’est l’absurdité devenue normale.

Bureaux qui ouvrent tard et ferment tôt. Agents absents sans explication. Dossiers qu’on te demande de recommencer parce qu’« il manque un détail » que personne n’avait jugé utile de mentionner. Le fameux « reviens demain » qui se transforme en « reviens la semaine prochaine », puis en silence total. Et pendant ce temps, les citoyens perdent du temps, de l’argent, et parfois leurs opportunités.

Mais le vrai problème est plus profond.

Nous avons fini par accepter l’anormal comme si c’était la règle. On ne s’indigne plus, on s’adapte. On prévoit des jours “perdus” pour une démarche administrative. On normalise les passe-droits, les relations personnelles, les interventions informelles, comme si c’était la seule façon de faire avancer un dossier. Et sans le vouloir, on entretient un système qui se nourrit de ses propres dysfonctionnements.

Ce qui est grave, c’est que cette situation bloque le développement. Un entrepreneur découragé par des lenteurs administratives renonce ou part ailleurs. Un jeune perd confiance dans les institutions. Un citoyen honnête se sent puni pendant que les pratiques douteuses prospèrent. Un pays ne peut pas avancer durablement quand son administration fatigue au lieu de soutenir.

Et pourtant, la solution ne repose pas uniquement sur l’État ou sur “les autres”. Elle commence aussi par nous. Par notre rapport aux règles, au travail bien fait, à la responsabilité. Par le fonctionnaire qui décide de faire correctement son travail même quand personne ne regarde. Par le citoyen qui refuse de contourner les règles au détriment du collectif. Par la prise de conscience que l’administration n’est pas une entité abstraite : ce sont des femmes et des hommes, issus de la société elle-même.

Il est temps d’en parler ouvertement.

De raconter les situations vécues, sans exagération mais sans complaisance. De multiplier les exemples concrets, non pas pour humilier, mais pour comprendre. Parce que le développement ne se décrète pas. Il se construit, détail par détail, comportement par comportement, décision par décision.

Maintenant, la parole est à vous.

Quelles sont les situations administratives les plus absurdes que vous avez vécues ?

Qu’est-ce qui vous a le plus découragé ?

Et surtout, selon vous, qu’est-ce qui doit changer pour que l’administration devienne enfin un moteur de développement et non un frein ?

Écrivons la vérité. Même si elle dérange.

Car un pays qui refuse de se regarder en face retarde lui-même son avenir.